Le Gazauto, inventé à Sermoise

Louis Libault, inventeur et précurseur...

Les économies d'énergie ont depuis bien longtemps stimulé écologistes et inventeurs. Louis LIBAULT, mécanicien passionné, est l'un d'eux...

Né à Nevers le 21 décembre 1893, Louis Libault est très tôt intéressé par la mécanique. Il obtient son certificat d'études en 1907 puis fait son apprentissage, avant de travailler chez M. Louis Bartheneuf à Plagny, dans un petit atelier de vente et réparations de machines agricoles. Le service militaire puis la guerre l'éloignent jusque dans les Dardanelles, de 1913 à 1919. Son retour lui permet enfin d'épouser la fille de son patron, qui lui laisse petit à petit la direction de l'entreprise.

Louis Libault développe de façon spectaculaire la vente, la réparation et la construction des machines agricoles et entreprend concomitamment des recherches sur les économies d'énergie. Celles-ci allaient aboutir à la naissance du "Carburtou".

Les moteurs des tracteurs agricoles des années 20 fonctionnaient à l'essence. Celle-ci étant chère, certains propriétaires essayaient de les faire fonctionner avec un mélange de gas-oil et d'essence. Mais les résultats étaient particulièrement décevants. Devant ces problèmes, Louis Libault mit au point en 1923 le "Carburtou" qui gazéifiait et purifiait l'huile lourde avant son arrivée dans les cylindres, permettant ainsi aux véhicules de fonctionner au gas-oil, d'où une importante économie d'énergie. Le premier brevet est déposé en 1926 et le second, d'un modèle plus perfectionné, en 1930. Louis Libault continue ses recherches car son but est de trouver une possibilité de remplacer le pétrole. La guerre va lui fournir l'occasion de rencontrer un système qu'il va lui-même développer : le gazogène

Après études, il met donc au point un gazogène alimenté au charbon de bois qu'il appelle "Le Gazauto", dont le premier brevet est déposé le 2 janvier 1936, suivi de plusieurs autres au fur et à mesure de l'amélioration du système.

Divers essais, rallyes, foires et concours vont permettre à Louis Libault de faire connaître son Gazauto dans toute la France et même à l'étranger. Il est récompensé par de nombreux prix, dont le premier prix au concours international de gazogènes de Berlin en 1936 et une médaille d'or au concours des carburants forestiers en 1937.

Le Gazauto équipe dorénavant des voitures, camions militaires, tracteurs, autocars... Son succès oblige Louis Libault à passer à l'échelle industrielle.

Puis arriva la guerre en 1939. Seuls les véhicules à gazogènes sont alors autorisés à circuler librement. Louis Libault, agréé comme constructeur, emploie alors 110 ouvriers. Ses ateliers sont réorganisés pour la production en série. Plus de 250 agents et sous-agents assemblent le gazauto dans 40 départements, au Maghreb, en AOF et en Indochine.

La commande est telle que l'entreprise de Plagny ne suit plus. Le Gazauto est construit sous licence par de nombreuses sociétés.

La fin de la guerre et le réapprovisionnement normal en pétrole vont sonner la fin de l'âge d'or du gazogène. En 1955, environ 13.000 véhicules au gazogène circulaient encore, mais la fin était programmée. Le gazauto a donc été d'une très grande utilité durant cette période. Son histoire méritait d'autant plus d'être contée que cette aventure a été le fait d'hommes simples et innovateurs tant dans leur esprit que dans leur façon d'être et de travailler.